"ARCANES"

Le Tarot de Marseille trouve ses origines au XVème siècle en Provence. Ce sont des alchimistes qui ont réalisé la construction d’un ensemble symbolique dont la vocation était de développer un travail de connaissance de l’âme humaine, afin de fournir une image universelle permettant de comprendre et d’éclairer les cycles et le sens des évènements de la vie. Ce tarot est un ensemble de cartes à enseignes « latines », qui ont la particularité de posséder une cinquième suite de 22 cartes, les arcanes majeurs – décorées d’images allégoriques spécifiques. Depuis la fin du XVIIIème siècle il est associé à la cartomancie. Le Tarot de Marseille m’intéresse non pas en tant qu’outil servant à la divination (à laquelle je ne crois pas), mais plutôt sur le plan « philosophique », en ce qu’il raconte un chemin de vie. En effet, le jeu se compose de trois septénaires figurant les âges ou périodes de la vie : 

- Premier septénaire (arcanes 1 à 7) : de la naissance à l’autonomie

- Second septénaire : (arcanes 8 à 13) : de la vie matérielle aux premières épreuves

- Troisième septénaire (arcanes 14 à 21) : de la vie spirituelle à l’atteinte de l’idéal

C’est la représentation d’un parcours initiatique. Pour Georges Colleuil, professeur de philosophie et psychothérapeute « Le tarot nous montre ce que l’on peut faire avec la souffrance et comment on peut la transmuter pour s’appuyer dessus et passer à un autre niveau de conscience…Le tarot est une image de soi, et le soi contient déjà la totalité du monde ».

Le tarot est fascinant en tant que système codifié, riche de symboles et de prismes de lecture différents. Dans le Tarot de Marseille, les couleurs, les chiffres, la direction des regards, la position des corps, les attributs des personnages sont autant de codes et grilles de lecture venant éclairer le sens de la carte. « C’est une symbolique universelle, car c’est un catalogue de mythes, et le mythe a ceci de particulier que même si on ne l’a jamais étudié, on le porte en soi. Il est quelque part inscrit dans notre mémoire la plus archaïque ».

Pour ma part, j’ai découvert par hasard le Tarot de Marseille au cours d’une conversation avec une amie, qui avait trouvé une similitude entre l’un de mes tableaux représentant un hibou et la composition de l’arcane de l’ermite. S’en est suivi une longue discussion, puis l’idée de réaliser un projet pictural autour des arcanes majeurs. Comme je travaille sur les animaux et leur symbolique, j’ai eu l’envie de créer mon propre tarot, en conservant la signification des cartes pour en livrer une interprétation personnelle. 

Dans le Tarot de Marseille, chaque carte est associé à l’un des 4 éléments ; j’ai conservé et matérialisé ce code en donnant une couleur de fond à chaque carte (fond argenté pour les cartes de l’élément air, fond cuivré pour la terre, fond bleu métallisé pour l’eau, et fond or pour le feu). J’ai étudié la signification de chaque carte, et l’ai transposée au monde animal, en m’employant à ne conserver que ce qui me semblait essentiel, et à choisir mes animaux en fonction de la symbolique à laquelle ils sont attachés, mais aussi en adéquation avec le sens de chaque carte. 

Pour ce qui est de la symbolique animale, il est intéressant de constater que si, pour un même animal, les symboliques peuvent bien sûr différer selon les cultures, il est très fréquent qu’un même animal ait à la fois une charge symbolique positive et négative. Les choix que j’ai alors opérés ont été orientés par l’éclairage personnel que j’ai voulu mettre dans les cartes.